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MessageSujet: gemini feed. (lloyd)   gemini feed. (lloyd) EmptyLun 1 Mai - 12:20


you say you want to be king -
so when I burn your kingdom down, I’ll make sure
you’re still chained to the throne.


Elle a le cœur dans la gorge. C'est la cavalcade sous son sternum tout le long du trajet, les guerres napoléoniennes dans le palpitant. Et, naturellement, il y a ce connard de chauffeur de taxi qui ne veut pas la fermer, ce trafic de merde qui, loi de Murphy oblige, est toujours plus dense dans la rue que le véhicule choisit pour éviter le trafic que celle qu'il cherchait à contourner - allô, c'est 2017, il faut toujours s'arrêter aux feux rouges ? Naïf, le chauffeur estime nécessaire de couvrir l'attente de sa voix graveleuse et ses remarques plates. Un de ces idiots qui continuent à croire que l'homme est une bête sociale. Il y a le bruit des roues grignotant le macadam humide, satisfaisant comme du velcro. Depuis l'écran de télé censé lui tenir compagnie sur la banquette arrière, un homme blanc dicte à Iggy comment perdre deux tours de taille en deux mois à l'aide d'un complément alimentaire à base de whocares et d'extraits de fuckmylife. Mais Iggy, tout ce qu'elle veut, c'est un peu de calme. Klaxons. Tentatives du chauffeur d'arracher un sourire à l'impératrice qui transforme sa citrouille en carrosse. Le white noise des petites gens, la poussière auditive du monde d'en bas. Elle s'en tamponne le coquillard, Iggy, de lui, de l'habitacle, du monde de l'autre côté de la fenêtre entrouverte. Elle est réduite à un seul de ses sens, la vue, et devant ses pupilles clignotent trois mots majuscules 'SOS BOTEL LOBBY' à mesure qu'elle verrouille et déverrouille l'écran de son smartphone. Elle n'écoute pas, Iggy, ne sent rien, car elle est occupée à voir, plus loin que le texto, entre les caractères blanc sur fond bleu, la silhouette de chiffon de Willa. Malmenée, ivre, arrêtée, frôlée sans son contentement ou carrément torturée – en vingt minutes de fainéant vrombissement de moteur, Iggy a largement le temps de dresser la liste d'une petite cinquantaine de scénarios macabres, tous plus détaillés les uns que les autres. Cela va du plus léger manque de respect (perspective qui lui est déjà insupportable en soi; elle a du gaz lacrymogène dans son Kate Spade et n'a pas peur de l'utiliser) au démembrement minutieux de l'adorable mais ô combien fragile petit corps de Willa. De la banquette arrière, du taxi lent, trop lent, elle a la poitrine comprimée. Les pieds qui s'agitent. La bouche sèche. Pas étonnant en vérité; Iggy n'a même pas eu le temps de tremper son lipstick dans le verre de vin – rouge, les deux – que le message de Willa l'a arrachée à son blind date et d'entre les serres du courtier blond (Jim ? Jem ?).
Quel gâchis.
C'était du Château Margaux.

La portière claque plus bruyamment que strictement nécessaire. Revanche personnelle. Iggy envoie un billet au hasard, paie probablement le triple du prix de la course. Son esprit est loin de son portefeuille, occurrence rare, mais concentré sur trois lettres blanches, SOS, suivies de six appels en absence. Chaque fois, elle bascule sur messagerie, sans tonalité. Elle a conscience que la semi-panique qui lui chauffe l'épiderme à blanc et remplit son estomac de glace pilée n'a probablement aucune raison d'être. Elle sait que certains sont libéraux avec l'expression SOS, et qu'il est entièrement possible que la seule urgence à laquelle Willa voulait faire référence soit le fait que la batterie de son téléphone était occupée à décéder, raison même pour laquelle les appels ne passent pas. D'une drama queen à une autre, elle ne pourrait même pas lui en vouloir. Iggy se concentre là dessus, enferme le réconfort hésitant dans son poing serré, tandis que de l'autre, elle pousse la porte à tambour de l'hôtel. Le hall est vide, à l'exception d'un adulescent tenant le fort derrière le comptoir de la réception. Il n'a pas le temps de finir de demander à Iggy s'il peut l'aider qu'elle l'a déjà étiqueté 'incompétent' et est passée à autre chose. Pivotant sur ses stilettos, elle avise le rideau de velours menant au lobby-bar et, spectrale, passe au travers. Le jazz, les couleurs, l'éclairage feutré et les bougies, Iggy apprécierait le mood s'il ne gênait pas la visibilité. Elle scanne les tables une à une. L'animation est mince, trop tard pour les mises en bouche au Spritz, trop tôt pour les shots et le déni du lendemain. Personne de signifiant. Jusque –
Sa respiration s'arrête. Pour plusieurs raisons, sans doute, mais elle décide de ne laisser ses pensées troubles s'arrêter que sur la plus pertinente : s'il est là, lui aussi, cela signifie que la situation est grave. Iggy s'élance jusqu'au bar, où nul autre que S.A.R. Lloyd Sterling est acoudé, old fashioned au poing. "Où est-elle ?" Le vibrato dans sa voix est involontaire, mais non surprenant. Pour que Willa appelle son frère et Iggy à la rescousse, sachant pourtant qu'ils ont développé une certaine allergie l'un à l'autre, il faut que la situation soit tragique. Les yeux d'Iggy continuent à papillonner, inquiets, à travers la pièce, ne s'arrêtant pas sur Lloyd, reconnaissants d'avoir une raison de ne pas s'y poser. Elle sait qu'il a continué d'exister après elle, après eux, qu'il a continué à vivre - bien que ce n'est pas faute d'avoir souhaité l'inverse. Ils se sont recroisés plus d'une fois, jamais très civils, car s'ils sont bien des choses, complaisants n'est pas l'une d'elles. Mais, à l'inverse d'aujourd'hui, Iggy avait pu  plus ou moins s'y préparer. Agitée, son regard joue à saute-mouton avec la pièce, passe du barman à la porte, au couple près de l'entrée, à Lloyd, son old fashioned – wait a minute.
Ça sort d'entre deux rangées de dents serrées : "Qu'est-ce que tu fais ici ?" Les mots sont hachés, entre circonspection et ire. Elle est prise d'un doute, tout à coup. Si sa petite sœur est en train de se faire charcuter par un sociopathe de la côte Ouest, qu'est-ce que Lloyd fout avec un cocktail en main ? La pièce tombe. That little minx. Sous la sédimentation d'empressement, de peur et d'énervement, Iggy doit reconnaître la présence d'une certaine admiration. L'appel au secours, alors qu'elle était en plein rencard. Nicely played, Sterling.

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Lloyd Sterling

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MessageSujet: Re: gemini feed. (lloyd)   gemini feed. (lloyd) EmptyMar 2 Mai - 12:23

Il est difficile de se reconnecter à un frère avec lequel on ne partage rien, si ce n'est le pourpre dans les veines. Pourtant, Lloyd essaye depuis un petit mois de faire montre de tolérance à l'égard de Leonard, ce brouillon raté dont la cohérence d'ensemble laisse à désirer. Il essaye de lui octroyer une attention qui ne soit pas teintée de pitié, de libérer des plages horaires entières seulement dédiées à lui, réfléchit à des sujets de conversation qui ne soient pas polémiques et s'essaye même à darder sur lui autre chose que ses mines condescendantes, aussi séduisantes qu'agaçantes. Impossible de savoir si Lloyd Sterling agit ainsi guidé par une culpabilité acide, une soif de rédemption ou seulement pour désamorcer une bombe montée à la va-vite, friable, fragile, capable de souffler l'empire des Sterling à la moindre contrariété. Il y a sans doute un peu de tout ça dans son comportement et Lloyd refuse d'y réfléchir, occupé qu'il est à calculer scrupuleusement ses coups dans une tentative de reconquête pleine et entière. Accoudé au bar intimiste ambiance prohibition qu'il aime tant, royal dans sa chemise sur mesure, Lloyd jette un oeil acéré à l'écran de son téléphone dernier cri : Leonard est en retard au rendez-vous qu'il a lancé sans lui laisser une seconde le choix de s'y soustraire. Ce n'était pas une invitation, mais une obligation. Car que reste-t-il à des hommes aux antipodes ? Le goût de la boisson qui s'invite entre les lèvres, glisse délicieusement dans les gorges, embrase les veines et délie souvent les tensions. C'est que le bourbon rendrait la compagnie de son taulard de frère, revenu à un stade désastreusement primitif, presque agréable. Et pourtant, là n'est pas le but de cette petite sauterie : Leonard ne doit pas le rejoindre. Désireux de chasser l'orage au-dessus de la tête de son frère, menaçant de créer un cataclysme qui les emporterait tous, Lloyd s'est octroyé les services d'une belle plante vénéneuse pour occuper Leonard et déloger à coups de baisers les ombres ténébreuses sur ses traits. Aussi, ce soir il a dû tomber sur sa belle au détour de son trajet jusqu'à lui. La suite est écrite d'avance : Leonard n'a jamais su résister aux charmes féminins, surtout des filles de rien, des nanas d'en-bas, nimbées d'une pauvreté qu'il a toujours trouvée lascive. Il va le planter et Lloyd se délecte d'avance du sa toute-puissance, marionnettiste pour une fois bienveillant.
Le vibreur de son téléphone résonne contre le bois de merisier et un sourire satisfait aux lèvres, le fils prodige décroche, déjà convaincu d'entendre le timbre bas, rauque, de son frère chercher une excuse pour décommander sans avouer qu'il envisage de tirer son coup sur le siège arrière d'une bagnole quelconque. C'est la conversation téléphonique qui empêche ses instincts prédateurs d'avoir une conscience accrue de la présence d'Ignacia qui pénètre dans son domaine, tout occupé qu'il est à maintenir un visage affable, placide, malgré l'irritation qui mord son ventre : William Sterling possède depuis toujours cet étonnant pouvoir sur lui. Des excuses, toujours des excuses. Il n'a pas vu son fils aîné depuis neuf putains d'années et le voilà en train de l'endormir de sa verve de parfait rhétoricien pour justifier l'injustifiable : son absence ici. "Bien sûr William, c'est normal, tu te dois d'empêcher un homme instable à l'intelligence contestable de ridiculiser encore davantage la fonction suprême. Leonard comprendra, il a attendu neuf ans, il n'est plus à un mois supplémentaire n'est-ce pas ?" Fausse cordialité de façade où se glisse pourtant l'acide de la rancoeur qui n'échappe pas au père indigne. Il déteste le sous-entendus et le cynisme supposé ébranler son autorité, insubmersible. "Je ne suis pas sarcastique, père, je dis simplement que ta famille peut attendre, à côté de l’appétence de ton nouvel ami pour les missiles balistiques." Lloyd se délecte de la joute verbale à venir, tout en rhétoriques sirupeuses, lorsqu'un parfum entêtant, enivrant, vient chatouiller ses narines. Iggy. Il y a des détails qui ne s'estompent jamais des mémoires, encore moins de celle, sensitive, qui ne trompe pas. Lloyd s'est résolu à oublier bien des choses concernant sa seule conquête hissée hors de ce carcan grivois, mais limitant. Il a effacé farouchement des données, seul maître de son intellect, parce que c'était plus facile ainsi mais certaines persistent toujours à le coloniser tel un virus. La sensation de sa nuque délicate contre ses doigts, les feulements singuliers de sa voix à l'abandon, la vision de son minois de nymphette privé de tout artifice et sa putain d'odeur, qui vient le frapper comme un uppercut. Prodige lorsqu'il s'agit de travestir ses traits, au poker, aux échecs, comme dans les mondanités, le visage ciselé de Lloyd n'affiche rien d'autre qu'une décontraction évidente alors que ses prunelles se repaissent du spectacle d'une Iggy bouillonnante, nerveuse pour une raison qu'il ignore mais qui le galvanise. Elle lui pose une question dont il ignore tout et Lloyd se détache de son spectacle saisissant pour couper court au paternel : la joute qui s'annonce lui semble bien plus séduisante. "William, pardonne-moi mais je dois te laisser. Bethany vient d'arriver avec les menus pour le mariage et j'entends bien mettre un terme à ses lubies de cuisine fusion franco-japonaise avant qu'elles n'aillent trop loin. Oui, toi aussi." Si le duel qu'ils s'apprêtent à mener s'achevait au premier sang, alors il viendrait de le remporter en confondant son ancien amour et celle qui a pris sa place, évoquant qui plus est un mariage à venir. Une union malheureuse, dont il ne veut pas et se plaît à repousser le plus subtilement possible tout en affichant aux yeux du monde le portrait éblouissant d'un couple harmonieux. Du grand art, mais une aussi une gigantesque supercherie qui le rend chaque jour plus irritable.
Libéré du fantôme paternel, Lloyd octroie à nouveau toute son attention sur une Iggy furibonde qui lui a rarement semblé aussi bonne. Sourire reptilien en coin des lèvres, opales vagabondes qui glissent sur sa peau, le politicien se délecte du spectacle qui se joue devant ses yeux. Où est-elle résonne en lui comme une scénette d'opéra, où la femme amoureuse et bafouée viendrait confronter sa rivale. Ce n'est pas le cas et Lloyd n'est pas assez idiot pour le penser mais l'image lui plaît et il profite longuement de ce spectacle jusqu'à, enfin, répondre à la question. "J'ignore de quelle conquête tu parles mais vraisemblablement, elle n'est pas là." note-t-il, doucereux devant l'éternel, en élargissant un sourire de connivence. Son cocktail trouve bien vite le chemin de ses lèvres, choisissant le flegme comme arme contre l'inflammabilité qui semble émaner d'Iggy. "Que me vaut ce déplaisir, Ignacia ?" Le timbre est sirupeux, mondain, mais l'éclat narquois dans ses prunelles ne ment pas : cette visite de courtoisie n'est pas déplaisante. Bien au contraire. Il ne (se) l'avouera jamais, mais elle lui a manqué Iggy. Elle ne lui a pas manqué comme dans l'amour mièvre qui ensuque, comme un membre manquant qui handicape et cloue au sol. Allons, Lloyd Sterling ne fait pas dans ces faiblesses risibles. Mais elle lui a manqué comme un partenaire, une égale, une façon d'être ensemble contre le reste du monde. Elle lui a manqué dans sa gueule toujours ouverte, dans son ambition démesurée qui se mariait si bien à la sienne, dans sa volonté de ne jamais être une fille de mais de viser plus haut, plus loin. Elle lui a manqué dans son caractère de lionne jamais apprivoisée, dans la conviction tranquille, agréable, de ne pas avoir besoin de plus, de cesser de courir les filles et les jeux. Elle lui a manqué dans l'intimité bien davantage qu'en public et parfois, son absence court encore sous sa peau comme une nuée de termites lorsque Lloyd regarde en arrière. Lui qui le fait si peu car il avance dans une vie qui courbe l'échine devant lui, carriériste plus que sentimental. Car il ne regrette pas le choix de la raison qui l'a sacrifiée sur l'autel des Sterling. Entre dire au revoir à Iggy et à tout ce qui composait son existence privilégiée, le calcul n'a pas été compliqué à réaliser... La louve est toujours près de lui, quelque part entre surprise et condescendance chevillée au corps et lui, ne pige toujours pas ce qu'elle cherche. Ce qu'Iggy veut. Et il s'en fiche, satisfait de ce coup du sort. Même lui, lui a toujours été favorable. "J'attends mon frère. L'on pourrait croire que neuf ans de routine absolue lui auraient enfin inculqué l'art de la ponctualité, mais ce serait trop lui demander. Tu es libre de te joindre à moi si tu veux." Voix de velours et sourire affable, Lloyd se fait un plaisir de traiter la belle avec une courtoisie dégoulinante dont il n'a que très rarement fait preuve à son égard, par le passé. Il a essayé, pourtant, mais Iggy se montre féroce et il n'a pas la grandeur d'âme nécessaire pour traiter ceux qui osent faire l'erreur de ne pas l'apprécier avec bienveillance. Non, lui les pulvérise, les ignore ou se joue d'eux, si l'ennui le guette. L'ennui, la bête tapie en lui, celle qui réclame fréquemment son tribut de larmes et de sang. Elle s'agite, en compagnie d'Iggy, si douée pour la faire taire de sa personnalité flamboyante et Lloyd termine calmement son verre, guidé par une audace grivoise jamais loin qu'elle a toujours su entretenir. "A moins que tu ne souhaites directement passer à l'étage..." Il ne lui retourne pas la question, comme s'il supposait qu'elle était forcément là pour lui. Son murmure feutré oscille entre ironie et invitation alors que Lloyd déshabille longuement sa proie du regard.
En souvenir du bon vieux temps.
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MessageSujet: Re: gemini feed. (lloyd)   gemini feed. (lloyd) EmptyDim 7 Mai - 18:17


La panique retombe doucement, s'apaise à fleur de peau, à mesure que les faits deviennent indéniables. Willa est vivante. Willa va bien. Est probablement occupée à pouffer quelque part, pas peu fière de son coup d'éclat. Et elle aurait bien raison, car la stratégie est brillante. Jouer de la seule véritable corde sensible d'Iggy, son besoin quasi afflictif de protéger, d'être, d'être utile. L'amie se sent un tantinet trahie, mais l'avocate, qui a toujours été prioritaire - raison pour laquelle Iggy excelle à son job - hoche la tête, approbatrice. Elle a de l'admiration pour ceux qui prennent des risques, qui n'ont pas peur de sacrifier l'un ou l'autre ego. Certes, ça implique des gens, ça l'implique elle, elle et son courtier, elle et son samedi soir, elle et le vin rouge hors de prix, certes c'est éthiquement contestable, sans parler d'un tantinet égoïste et manipulateur – mais c'est intelligent. Et Iggy a toujours placé le cérébral loin au-dessus du reste. La panique retombe, mais peut-être qu'elle ne devrait pas. Que l'instinct de survie d'Iggy, aussi pointu que les canines de Lloyd, devrait tirer de meilleures leçons. Devrait apprendre, poésie de la mémoire musculaire, que Sterling et douleur ont souvent été synonymes. Le cœur contre les côtes, les lèvres avides qui semaient morsures sur la peau fragile, le poignard dans le flanc – qu'elle soit supplice ou exquise, la présence de Lloyd dans sa vie a toujours été brûlure. Et, bon sang, on lui a toujours dit de ne pas jouer avec le feu, mais Iggy reste immobile, plantée devant lui avec toute l'élégance du bidon d'essence. La panique retombe, mais n'a pas la décence de se changer en soulagement, ne perd pas en aigreur, trop vite remplacée par ce mélange de défensive et arrogance qu'il attise en elle et qui s'embrase à la seule mention du nom de Bethany. Iggy ne peut s'empêcher de voir chacune de leur rencontre comme une bataille qu'elle tente en vain de remporter alors que, trois années en arrière, il a gagné la putain de guerre. Aussi plat et exécrable que le cliché soit, il lui a brisé le cœur. Elle, en retour, ne lui a jamais fait l'offrande de rendre la douleur explicite, encore moins celle de courber l'échine, bien trop digne pour songer à baisser le menton. Bien trop fière pour tourner les talons - alors qu'il serait tellement plus commode de décamper. Il n'est probablement pas trop tard pour rattraper son chauffeur, récupérer son rencard et, qui sait, peut-être arriver à temps pour se mettre sous la dent l'entrée de poisson cru et de baisers salés. Il serait plus sage et tellement, tellement savoureux, de faire volte-face et reprendre sa vie de l'autre côté du rideau de velours, sans même prendre la peine de répondre aux provocations ordinaires de son fantôme en costard. Elle le sait, Iggy. Mais bon sang, Lloyd a beau être le roi des cons, elle préfèrera toujours au courtier le monarque.

"Que me vaut ce déplaisir, Ignacia ?" Prévisible. L'arrogance génétique de l'homme blanc, le sarcasme miel-caviar, l'utilisation militaire de son prénom entier, dont il sait mieux que personne qu'elle l'abhorre. Ça ne devrait pas l'affecter. Elle vit de son sang froid, resting bitch face de celle qui sait trop bien que la moindre démonstration d'émotions superflue n'a jamais eu comme seule conséquence que d'accélérer l'apparition des rides. Elle est au dessus de ça, Mademoiselle Suffisance, elle n'a pas le temps d'être irritée par Ignacia, encore moins par Bethany. Aussi, lorsqu'elle plisse les yeux, arborant son agacement d'une pommette à l'autre, le geste est loin d'être une nécessité, c'est un choix. Dans la foulée, Lloyd finit par prouver l'indéniable : Willa n'a rien à voir avec sa présence ici. Bien qu'il n'existait plus le moindre doute quant à la logistique de leur rencontre """fortuite""", Iggy laisse échapper un long soupir. Ça lui apprendra à sous-estimer un Sterling. Ils sont trop, ils sont partout, ils sont polaires; il y a ceux qu'elle adore, ceux qu'elle déteste, ceux qu'elle connaît trop ou trop peu. Dans la dernière catégorie, Leonard, dont il mentionne la détention avec un détachement qui lui fait grincer les dents. What an asshole. Cette famille dont elle ne veut pas entendre parler, cette famille dont elle aurait dû se scinder une bonne fois pour toutes si elle en avait eu le courage. Mais il y a Willa, il y a Charlie, il y a les sœurs dont elle a toujours été privée, et il n'est pas juste que lui, of all people, ait hérité des sœurs qui lui revenaient à elle, ce n'est pas juste et Iggy, elle a préféré se battre pour elles à l'idée de cicatriser. "A moins que tu ne souhaites directement passer à l'étage." L'espace d'une seconde, Iggy pèse le pour et le contre d'une gifle qui vient du cœur, là, maintenant. "Pour que je te pousse d'un balcon, tu veux dire ?" Il a enfilé ce regard, celui qui vient des profondeurs, qui se dévêt de treize millions d'années d'évolutions superflues, et de trois d'oubli, celui qui est supposé lui rappeler que, parce qu'il l'a possédée un jour, Iggy sera toujours à lui. Celui qui lui hérisse le pelage, car il semble dire qu'elle a beau rugir, au bout du compte, les feulement ne servent qu'à faire vibrer les barreaux de la cage. Dans ce regard, elle retrouve une raison de fondre et cent de foutre le camp. Douchebag. A la place, elle étend une main sur le bar et se saisit du verre de Lloyd, trônant dans son glorieux halo humide. Il n'y reste qu'une gorgée qu'elle s'empresse de vider du bout des lèvres, laissant un spectre rubis, simulacre d'une bouche qu'il n'a que trop bien connue, dans son sillage. Iggy réunit brutalement le contenant avec le bois laqué du bar, avant de sortir son smartphone de sa pochette. Trois mots majuscules qu'elle tend à Lloyd comme une attaque, une excuse, un défi, et tout à la fois. SOS BOTEL LOBBY. "Explique-moi ça." Elle se targue d'être indépendante, au dessus des mortels et de leurs préoccupations bas-de-plafond. Elle estime avoir réussi sa vie précisément car elle n'a aucun compte à rendre à quiconque, et pourtant, elle veut qu'il sache la raison de sa présence ici. Par noblesse. Par instinct. Irrémédiablement pour elle, mais pas pour lui, plus jamais pour lui.

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