1.
ϟ Fröwler, de Bâle, et Blackmoore de New-York. Mes deux parents sont nés d'un bout du globe à l'autre, mais l'amour sait toujours bien trouvé son chemin. Alors que celui-ci est un investisseur immobilier prospère, celle-ci est une styliste réputée qu'on s'arrache. Le Blackmoore voyageait en Suisse pour gérer de grandes affaires et il croisa la douce Lorena dans une soirée mondaine organisée par un riche propriétaire d'une chaîne d’hôtels. Mon paternel allongea son séjour pour conquérir en moins de deux le cœur de ma mère, qui succomba. C'est donc à Bâle que je vis mes premières secondes, mes premiers souffles. 2.
ϟ J'ai grandi entouré de ouates, de confort, de bonheur et accompagné d'une terrible peste comme demi-sœur. Dès l'âge scolaire, j'ai été initié à l'allemand, l'anglais et le français. Leçons de piano, leçon de violon, cours d'athlétisme, je ne savais plus où donner de la tête. Je racontais mes états d'âme à notre chère nourrisse qui trouvait que je ne prenais pas le temps d'être un enfant avant tout. 3.
ϟ Après plusieurs crises, j'ai réussi à me défaire de la majorité de ses sables mouvants pour suivre ma mère partout où elle allait. Plus souvent qu'autrement à courir partout et à essayer tous les vêtements que je trouvais, elle n'a jamais perdu patience et ses principales clientes me trouvaient attachant à ma façon. Petit garçon à maman, j'ai du toutefois conservé des cours d'athlétisme, plus précisément de course à relais. Aujourd'hui, je remercie en quelques sortes ce cher père pour m'y avoir obligé, je serais forcément devenu obèse sinon. 4.
ϟ À l'aube de mes douze bougies, la relation entre la styliste et l'amoureux des profits n'était plus ce qu'elle était. Croyez-le ou non, c'était une question d'argent, même si elle débordait déjà. Le marché immobilier en Suisse n'était pas assez favorable et lucratif, alors la maisonnée quitta son nid pour s'envoler jusqu'à l'est des USA, à New-York, dans son quartier d'origine. Lorena tenta de conserver le plus de contrats en Europe pour ensuite se créer un réseau américain. Ce vent de fraîcheur fut si bénéfique pour elle, qu'elle pu ouvrir une boîte de stylisme, fonder une équipe et gérer presque le marché en matière de mode de New-York. 5.
ϟ Mon adolescence changea complètement de direction, nouveau ami, nouvelle ville, mais la même sangsue de demi-sœur. Ce fut l'époque où je me suis le plus éloigné d'elle, alors que nous n'étions déjà pas proches. Sous deux modes diamétralement opposés d'éducation, la brunette se nourrissait de son caractère hautain et de ses privilèges. Lorena plutôt tenté de faire de moi un enfant plus sensible et ouvert d'esprit. Toutes les familles y passent de toute façon, les rivalités frères et sœurs, c'est probablement aussi vieux que la Bible. 6
ϟ Ma vie new-yorkaise, malgré son caractère banale, me plaisait bien; collège réputé, une vie sociale palpitante et une piscine creusée. C'est à dix-sept ans, la gorge bien serrée, que j'ai avoué à ma mère mon homosexualité. C'est sous une horde câlins que le poids du monde venait de quitter mes épaules. L’aveu passa moins bien du côté paternel, il croyait que cela pouvait perturber son image publique, et puis quoi encore. 7.
ϟ La vie suivait son cheminement normal, j'ai terminé le collège, j'ai intégré la faculté de médecine vétérinaire à Cornell et j'ai eu mon premier petit ami. On dit que tout ce qui monte doit redescendre. En 2015, suite à une visite de routine chez son médecin, ma génitrice apprit qu'elle avait un stade avancé du cancer du sein. Je me rappellerai toujours du poignard que j'ai ressenti en pleines viscères quand elle me l'a annoncé. Elle n'a eu le temps que de régler des documents légaux que la sournoise mort l'emporta. Encore aujourd'hui, je lui écris des lettres et je dépose sur sa tombe des fleurs à chaque mois. 8.
ϟ C'est depuis, que la galère a réellement commencé. Malgré le détachement qui s'est installé années après années avec les Blackmoore, je ne les croyais pas capable d'autant de cruauté. Avides d'argent, ils croyaient être en mesure de tout réinvestir la fortune que ma mère a durement gagné dans des projets financiers. Et la chère princesse Blackmoore croyait pouvoir être à la tête de sa compagnie et la remanier en une machine à billets. 9.
ϟ Pourtant, ils ont foncés à vive allure dans un mur béton. Dans sa dernière déclaration légale, Lorena me céda sa fortune, son entreprise et sa nouvelle villa aux Hamptons. Je n'avais pas la moindre idée de l'existence de ce logis, mais j'en suis bien ravi aujourd'hui. 10.
ϟ Je ne doute pas de leur amour pour ma mère, mais ces deux dernières années, je ne vois plus la même famille avec laquelle j'ai grandi. Je n'adresse plus la parole à mon père et la peste de Blackmoore a toutefois réussi à devenir vice-présidente de la compagnie. Elle ne me lâche plus sur mon téléphone et veut renverser complètement l'essence même de la boîte. 11.
ϟ Après ces deux dernières années à travailler à l'hôpital vétérinaire, à devoir comprendre l'univers complet du stylisme et de l'administration, j'ai enfin pris des vacances dans cette fameuse villa que j'avais à peine visitée lors de la succession. J'ai tout de suite reconnu ma mère dans le quartier de Wainscott, chaque maison est séparée par son vaste terrien, de l'air pur et une plage à proximité. À supporter les Blackmoore, je la comprends de vouloir s'exiler loin de brouhaha. 12.
ϟ Pour combler ma vie, j'ai la chance de traîner avec moi, ma charmante Rosie. Un colley au poil bien long et lisse, qui ne jure que par des gros bisous et des promenades qui ne finissent plus. Comme tout accro des animaux, je soupçonne devenir un peu dingue à force de lui donner autant d'attention, mais elle est trop attachante. 13.
ϟ Malgré la haine accumulée envers l'athlétisme, je fais quand même du jogging presque chaque jour pour éviter que tous les gâteaux s'unissent et me rendent obèse. J'avais l'habitude de revenir du travail à la course et maintenant j'ai le plus velouté des paysages pour le jogging matinal. 14.
ϟ Je partage ma vie depuis deux ans avec l'homme de mes rêves. Nous nous sommes fiancés au moins de décembre. Rien de plus kitsch qu'à la veille du jour de l'an. Avec le décès de ma mère, j'ai eu besoin de soutien et j'y ai trouvé un ami, un confident, un amoureux. 15.
ϟ Je ne peux pas me passer de mon Iphone, que ce soit pour étaler des photos de Rosie, utiliser les réseaux sociaux, embêter mes amis ou me réveiller le matin. 16.
ϟ Mes talents de cuisinier s'arrête aux crêpes, aux spaghettis et des œufs. Une chance que mon fiancé a ce talent caché, car je finirais bien par manger du Mcdo tous les jours de la semaine. 17.
ϟ Je ne sors jamais de chez moi sans ma montre. Il n'y a rien de moins rassurant que de ne pas savoir l'heure. Ça ne d’empêche pas d'être en retard par contre.
18.
ϟ Je ne m'habitue pas toujours à tout le luxe que l'héritage de ma mère, mais je suis facilement réjoui de son choix de jardinier, si vous voyez ce que je veux dire. 19.
ϟ Tout récemment, mon fiancé et moi avons décidé d'être en union libre et je ne sais pas encore me situer par rapport à la situation. Je suis mitigé entre de la jalousie et de l'excitation. Ce qui est clair, c'est que l'on amuse seulement ensemble, jamais l'un sans l'autre. 20.
ϟ À vingt-neuf ans, je n'ai pas perdu l'envie de sortir en boîte et de faire la fête. Drôle de vétérinaire vous me direz, mais il n'y a rien de mieux que sortir toute la nuit pour danser (sur les bars). 21.
ϟ Dans la même catégorie, il n'y a pas mieux qu'une soirée karaoké. Que ta voix grince, sonne comme une casserole ou un rossignol, avec quelques verres, tout le monde s'y plait. Mon hymne: I drove all night - Céline dion. 22.
ϟ J'ai une petite dent contre ceux qui fument. Évidemment, ma délicate et affectueuse demi-sœur n'a aucune gêne pour empestée cet odeur. Qui fume encore en 2017? 23.
ϟ La chose qui m’effraie le plus sur terre est sans l’ombre d'un doute, les maisons hantées. Je ne saisie pas pourquoi ce concept est si populaire, retirer du plaisir dans la peur ne me vient pas illico à l'esprit. Par contre, je me fais presque kidnappé à chaque an pour accompagner mon groupe. Il est trop marrant de me voir mourir de peur semblerait-il. 24.
ϟ Je suis une vraie police de la lotion solaire. À vous casser les oreilles, je me promène presque toujours avec un contenant miniature pour les amis en détresse. 25.
ϟ Je suis rebelle, je ne ferai pas le point vingt-cinq.